Créer du lien social, remettre les territoires au cœur de l’action collective, faire des personnes privées durablement d’emploi les premiers acteurs de la transformation économique, sociale et écologique sont autant de défis que relève le président de Territoires zéro chômeur de longue durée. Aujourd’hui, plusieurs des dix territoires ciblés par son initiative sont proches de l’exhaustivité, c’est-à-dire d’avoir proposé à toutes les personnes chômeuses de longue durée volontaires une solution.
C’est suite à une rencontre avec ATD-Quart Monde, alors qu’il était encore au Parlement et qu’il portait la loi d’expérimentation territoriale visant à résorber le chômage de longue durée, que Laurent Granguillaume a créé en 2016 Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD). Cette initiative a été lancée en collaboration avec des acteurs de la lutte contre la pauvreté (ATD-Quart Monde, Emmaüs France, le Secours catholique, le Pacte civique, et la Fédération des acteurs de la solidarité) dans le but d’éradiquer le chômage de longue durée, en réaffectant les coûts du chômage et en s’appuyant sur l’innovation territoriale et la création d’activité.
On compte aujourd’hui en France, plus de 2,5 millions de chômeurs de longue durée (au chômage depuis plus d’un an), soit près d’un chômeur sur deux. Parmi eux, 900 000 personnes sont au chômage depuis plus de trois ans. Le chômage est, par ailleurs, souvent synonyme d’exclusion sociale et territoriale.
Quel est le but du projet TZCLD ?
Le projet TZCLD a pour but de créer ou de s’appuyer sur des entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) pour proposer des CDI rémunérés au SMIC aux personnes durablement privées d’emploi dans le territoire. Il s’appuie sur le financement d’une partie des emplois supplémentaires via la réorientation des coûts de la privation d’emploi et sur le développement d’un modèle économique durable.
Les entreprises de l’ESS répondent à des besoins concrets des territoires, non encore satisfaits car peu solvables. Leurs activités viennent donc en supplément d’activités existantes. En aucun cas, les entreprises à but d’emploi (EBE) ne concurrencent les entreprises présentes dans le bassin d’emploi.
Plusieurs principes fondent l’engagement de TZCLD :
- Personne n’est inemployable : les acteurs du projet appliquent la non-sélection. Pour y parvenir, TZCLD développe de nouvelles médiations sociales en allant faire connaître le projet en porte-à-porte.
- Le manque d’argent ne peut être un argument face au chômage longue durée : le coût du chômage de longue durée représente plus de 40 milliards d’euros par an pour l’État et les collectivités locales, soit 18 000 euros par an et par personne.
- Ce n’est pas le travail qui manque, mais l’emploi : dans chaque territoire, il existe des besoins non satisfaits et des activités utiles à développer.
En outre, le lancement de l’expérimentation a nécessité la création d’un comité local rassemblant tous les acteurs : institutions locales, services de l’État, entreprises, acteurs de l’insertion, associations, etc. Le comité local répond à trois objectifs :
- construire et entretenir le consensus local autour du projet ;
- identifier les personnes privées durablement d’emploi ;
- et identifier les travaux utiles en vue de créer et d’identifier des entreprises à but d’emploi.
Deux ans après son lancement, le projet a mené à la création de plus d’une dizaine d’entreprises dans dix territoires expérimentaux et l’embauche de plus de 800 personnes en CDI dans des territoires de 5 000 à 10 000 habitants. Aujourd’hui, plusieurs des dix territoires d’expérimentation sont proches de l’exhaustivité. Plusieurs entreprises créées ont déjà un effectif supérieur à 100 salariés. L’une d’entre elles, à Prémery en Bourgogne, est devenue la première entreprise du territoire en nombre d’emplois.
Les activités qui sont développées sont très variées et répondent à des besoins non satisfaits du territoire :
- exploitation du bois, maraîchage en lien avec les agriculteurs locaux ;
- permaculture et circuits courts ;
- économie circulaire avec création de recycleries ;
- activités du type interstitiel en lien avec les artisans et les petites entreprises locales ;
- développement de commerces de proximité et de services en lien avec les commerçants existants ;
- nouvelles mobilités et activités liées à transition énergétique, etc.