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Le champ de l’économie

Sommaire

Le champ de l’économie définie ne comporte que deux productions et aucune consommation.

 

1. Chez les assureurs, « la production » désigne la vente

La vente en question est celle de garanties fournies en contrepartie de primes. En gestion d’entreprise, l’usage de l’expression « production des ventes » est très répandu, cependant que, toujours en entreprise, les autres productions sont économiques par destination. En comptabilité, un « produit » provient toujours d’une vente effectuée (échange) ou d’une subvention perçue ou à percevoir (transfert).

 

2. Deux productions se trouvent dans le champ de l’économie définie

L’une de ces productions est celle de ventes, en premier lieu par les particuliers (travail, et placements quand ils sont en échange de leurs rémunérations), en second lieu par les entreprises dans lesquelles elle entraîne la production de marges (positives, nulles ou négatives). L’autre production est celle de transferts, dont notamment ceux de particulier à particulier (dons entre vifs, héritages), ceux organisés par la puissance publique pour pourvoir à son financement et aux aides qu’elle octroie et ceux de particuliers à des associations non-commerciales.

 

3. L’homme ne fait rien sans produire et consommer

Si produire autre chose qu’un échange ou un transfert économique et si consommer quoi que ce soit sont des actes reconnus comme étant de nature économique, alors tout acte humain est économique. Or, si tout acte de l’homme est plus ou moins réputé économique dans les milieux savants, la distinction d’un sous-ensemble des activités économiques au sein des activités humaines s’efface dans ces milieux.

 

4. La distinction entre l’économique et le non-économique est respectée au quotidien

Dès l’âge de raison, nous considérons tous que la vie économique n’est que l’un des aspects de la vie en société. Nous constatons que nos agissements et ceux de nos semblables ne sont pas tous relatifs à l’argent et aux moyens de s’en procurer. L’intuition de l’existence d’une sphère homogène dont l’argent est un instrument principal s’accompagne bien sûr de propos qui utilisent extensivement le qualificatif « économique », facilitant l’accréditation de formulations qui ne sont pas de vraies définitions de ce qu’est cette sphère, mais qui n’en font pas moins fonction d’assertions réalistes.

 

5. Une large part des consommations humaines est d’origine économique

Des biens et des services achetés entrent dans cette part, après avoir vendu des services et des biens ou reçu une subvention. Ce n’est pas pour autant que consommer est un acte économique. Quiconque considère qu’est économique tout ce qui prend part à la possibilité et à la décision d’acheter et de consommer ou qui est susceptible d’y prendre part, ne reste conséquent qu’en admettant que tout soit économique, puisque n’importe quoi est susceptible de prendre part à cette possibilité comme à cette décision.

 

6. Productions et consommations ne sont très fréquemment rendues possibles que par des échanges et des transferts économiques

Admettre que produire et consommer ne sont pas, en eux-mêmes, des actes économiques ne nie pas cette évidence. Qualités et quantités produites et consommées dépendent largement de l’organisation, de la pratique des échanges et des transferts économiques. L’objet d’étude et de réforme constitué par cette organisation suffit à faire le propre, l’utilité et l’importance de la science économique.

 

7. Cette délimitation, non seulement, n’enlève rien ni à la spécificité, ni à l’utilité, ni à l’importance de la science économique, mais tout au contraire les renforce

Partir de considérations sur la condition humaine et sur la notion d’utilité pour en tirer les élucidations attendues de la science économique expose non seulement au risque de mal philosopher, mais surtout de rater ces élucidations.

 

8. Une doctrine des causes subjectives de la pratique des échanges économiques fait nécessairement grand cas des notions de besoin, de rareté, d’utilité, de désir, de plaisir, de peine

Quand une théorisation de l’économie repose sur une telle doctrine, les énoncés qui tiennent lieu de définition de l’économie en sont extraits. Ces énoncés ne définissent rien, parce que toutes les activités humaines satisfont un besoin en comblant un manque, procurent un plaisir, donnent de la peine. En amalgamant des notions arbitraires, l’économiste en vient forcément à l’économie qui est tout et, par conséquent, rien en particulier, contrairement à ce qui se produit au quotidien. Les portes sont alors grandes ouvertes à des constructions imaginaires au moyen de pétitions de principe. En tout état de cause, l’économie qui est tout, c’est n’importe quoi.