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Le profit

Sommaire

 

Le profit est le dividende dans le cas des sociétés commerciales de toute sorte.

Des sociétés civiles, professionnelles et immobilières notamment, font partie des sociétés économiquement commerciales.

 

1. Dans la division de 8 par 4, 8 est le dividende, 4 le diviseur, 2 le quotient.

 

Le dividende est à proprement parler le total à diviser, mais en matière de distribution de bénéfice d’une société, on appelle souvent le quotient « dividende ». La répartition du dividende proprement dit s’opère par une clé plus complexe qu’une seule division dans le cas, qui n’a rien d’obligatoire, d’actions dites privilégiées, ou de préférence, ou de priorité pour distinction d’avec les actions ordinaires.

 

2. L’entreprise en nom personnel se prête à l’amalgame entre le salaire de l’exploitant et le profit du propriétaire.

 

Pour éviter cet amalgame, le propriétaire et exploitant doit ventiler ses prélèvements entre deux comptes : l’un de résultat distribué au propriétaire, l’autre de salaire de l’exploitant. Comme le service du travail fourni par l’exploitant s’échange contre du salaire, le service du placement d’épargne en capital fourni par le propriétaire s’échange contre du profit. Dans les deux cas, les coéchangistes sont l’entreprise et l’un de ses fournisseurs.

 

3. Insistons de nouveau : plus-value et profit sont des réalités différentes.

 

Plus-value et moins-value sont respectivement un gain ou une perte qu’une liquidation procure. Le profit est, lui, le produit d’une conservation. La vente qui procure une plus-value est certes un échange marchand. Néanmoins, la plus-value en tant que telle n’est pas un terme d’échange marchand alors que les profits et les intérêts sont, en tant que tels, des termes d’échange marchand.

 

4. Le profit est une rente, au sens premier et premièrement nécessaire de ce mot : revenu périodique, fixe ou variable, procuré par un placement.

 

Les intérêts perçus par les particuliers et les associations non commerciales sont également des rentes. Les retraites par répartition sont de fait des rentes viagères. Le revenu périodique que le profit procure est variable, bien que ce soit dans des proportions très différentes selon le type d’entreprise qui le sert et la politique économique qui prévaut.

 

5. Les loyers perçus sont le chiffre d’affaires d’une entreprise.

 

La rémunération perçue par le propriétaire d’un bien loué est seulement du profit quand elle est égale ou inférieure au bénéfice, toutes charges et provisions déduites, de l’entreprise que constitue la mise en location. La détermination d’un tel bénéfice nécessite la tenue d’une comptabilité complète, et difficile à rendre assez prévoyante. C’est pourquoi souvent encore, les fractions de loyer immobilier constitutives d’un revenu du capital sont fréquemment surestimées.

 

6. Le profit n’est pas une contribution à la reconstitution d’une épargne placée en capital.

 

Le profit a, sur ce point, le même statut que l’intérêt. Ce dernier est, en commerce honnête, un prix qui suppose le remboursement du principal. Le profit est, en commerce honnête, un prix qui suppose la conservation de l’épargne placée en capital par l’entreprise que ce placement finance. Cette conservation échoit aux amortissements d’actifs et aux réévaluations de bilan pour cause de dépréciation monétaire, non au profit.

 

7. Puisque le profit n’a pas pour raison d’être la reconstitution d’une mise en capital, la durée apparemment exprimée par un taux de profit est économiquement insensée.

 

La durée au terme de laquelle un cumul de profits égalise le montant de l’épargne placée en capital n’est que l’expression inversée du pourcentage annuel moyen de profit sur capital. Par exemple, quand cette durée est de 12,5 ans, le profit annuel moyen est de 8 %. Mais que signifie une telle durée ? Le placement n’a-t-il donc plus à être rentable alors qu’il est maintenu au-delà du terme de cette durée ? Ce serait un dol. Dans les points de logique économique appelés à régir ces matières, on ne répétera jamais trop les deux suivants. Le profit ne rémunère que la prestation de service du placement en capital, mais pendant tout le temps que cette prestation dure. Les deux seuls moyens d’accumulation économique par un individu sont l’enrichissement par héritage et son épargne alimentée par ses revenus et ses plus-values tirées de la liquidation de placements de son patrimoine.

 

8. Les pertes sont sur plusieurs points dissymétriques des profits.

 

Tel qu’ici défini, le profit n’a pas forcément pour effet d’augmenter un stock d’épargne placée en capital. La perte à la place d’un profit a, elle, forcément pour effet de diminuer d’autant un tel stock. Malgré l’illusion contraire encore très répandue, une telle diminution n’est effaçable que par une nouvelle mise en capital, comme un délabrement d’un bien immobilier n’est effaçable que par de nouveaux travaux. L’absence de profit est un manque à gagner pour le placeur en capital ou quasi-capital. Elle n’est cependant pas, en soi, une perte pour lui. En revanche, l’absence de profit est un manque à gagner définitif : quelle que soit la suite, le cumul de longue durée des profits perçus sera plus faible qu’en l’absence de période sans profit.